Graphisme U.N.Ilateral, Jonathan Barnbrook

Publié le par Esther

   Le design graphique est pour Jonathan Barnbrook une question d’implication personnelle dans le quotidien. Depuis la création de son studio à Londres dans les années 1990 il partage son temps entre créations personnelles (notamment des affiches politiques) et  projets commandités (identités visuelles (logo de RoppongiHills à Tokyo), directeur artistique de magazines (Selfish, magazine japonais)).

    Né en 1966 au Royaume-Uni,  Jonathan Barnbrook  se fait d’abord remarquer au Royal College of art à Londres par la pertinence de ses typographies et leurs mises en scène. Pourvu de fortes connaissances historiques et d’un intérêt certain pour  les choses qui l’entourent, il commence très tôt à faire part de son engagement politique.  Il assure à deux reprises la direction artistique du magazine anti-commercial canadien Adbusters et produit régulièrement des affiches critiques dans lesquelles il use des techniques et méthodes publicitaires qui viennent s’insérer dans l’environnement  saturé du quotidien des médias. Editant lui-même ses affiches elles deviennent le premier support de ses messages.

   La typographie est un élément incontournable de son parcours. En effet, considérant l’extrême mobilité du langage dans le temps c’est encore un moyen pour lui d'exprimer sa créativité. En 1992, Emigre commercialise sa typographie Exocet, élaborée à partir des caractères lapidaires grecs et romains. La même année il crée la typographie Manson (rebaptisée Mason) en regard aux lettres autoritaires visibles sur les bâtiments publics, les églises ou les décrets de dictateurs. En 1997 il ouvre sa fonderie Virus. En 2002 il réalise la pochette CD Heathen de David Bowie avec sa typographie Priori.

   Il montre un goût certain pour la conception de livre et la composition en finalisant en 1997 la monographie de l’artiste anglais Damien Hirst et le texte de Rick Poynor dans Why2k, Typography Now Two, Implosion.  Il est l’auteur du Barnbrook Bible (2007), ouvrage destiné à rappeler que le design graphique doit être porteur de messages politiques et sociaux.

 

   Le travail de ce graphiste est intéressant par sa rigueur et son "éthique" du métier, qu’il manifeste de manière plus ou moins virulente selon ses projets.

   J’ai choisi de montrer l’affiche « U.N.Ilateral », sortie d’une série de posters présentés lors de l’exposition « Collateral Damage » à la galerie Anatome en 2009. Il reprend ici l’exacte représentation du logotype des Nations-Unies auquel il a retiré tout les pays de la carte du monde à l’exception des Etats-Unis. L’affiche date de 2004, à l’heure où l’ONU  -dont le but initial est de maintenir la paix entre les Etats sur la scène internationale- remet en cause ses objectifs et s’oriente vers la recherche d'un nouvel ordre économique mondial qui lui serait favorable. Les Etats-Unis, alors seule superpuissance depuis la bipolarisation, cherche parallèlement à asseoir son statut, on parle alors de « pouvoir  unilatéral ». Le débat s’oriente sur l’implication des Etat-Unis sur la scène internationale, renforcée par sa présidence permanente et son droit de véto au Conseil de sécurité.

   L’apparente simplicité de cette manière d'exprimer visuellement une idée s’avère être une façon efficace de faire passer un message car il fait appel à des codes pouvant être compris par un public existant. Cela nous amène également à développer la question du rôle du graphisme et de ses acteurs dans la société.

 

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